Commissariat : Sylvie Zavatta
Elle se prolonge également dans ses sculptures et performances filmées. L’artiste y poursuit son interrogation sur le rapport entre l’espace et le corps. Et plus précisément sur la façon dont l’espace est modifié ou façonné par une présence et, inversement, sur la façon dont le corps est « construit » par l’espace où il se trouve : une façon de percevoir l’espace comme organe ou comme prothèse, au plus proche de la vision de Proust dans les premières pages de La recherche.
Pour Laurent Goldring, chaque corps est singulier et induit de ce fait un espace qui lui est propre.
En ce sens, son approche s’inscrit à rebours de celle de Rudolf Laban qui, par le prisme de sa kinésphère, envisageait un modèle prétendument universel, applicable indifféremment à tous les corps au mépris de leurs particularités, un modèle servant toujours de référence aux chorégraphes aujourd’hui.3
L’exposition de Laurent Goldring présentée par le Frac Franche-Comté rassemble, aux côtés de vidéos et d’oeuvres inédites, deux installations majeures : Cesser d’être un (2020) a été acquise par le Frac en 2021 et montrée une première fois au sein de l’exposition Dancing Machines (Besançon, 2020) et Le Terrier. Deux impressionnantes sculptures où le corps génère son espace particulier, un espace humanisé et qui se révèle le prolongement du corps lui-même. Ce sont au choix des sculptures ou des scènes.4
1. Laurence Louppe, « Danse-photographie : pour une théorie des usages », Art Press n° 281, juillet-août 2002.
2. Ibid.
3. Théorisée par Rudolf Laban (1879-1956), la kinésphère désigne l’espace accessible aux quatre membres d’une personne, tendus dans toutes les directions. Imaginaire, cette sphère définit l’espace personnel que l’individu déplace avec lui et dont il occupe le centre. La kinésphère est son outil principal pour la notation du mouvement.
4. Le Terrier a servi de scène au spectacle Der Bau avec I. Schad et Cesser d’être un est aussi un univers de performance.